La création du site de la Rosière est liée au projet de la Marina. Nous avons découvert le projet en septembre 2010 lors d’une réunion en mairie de l’Isle-Adam. À la suite de nos remarques sur la destruction de la dernière grande zone humide de la ville, le Député Maire Axel Poniatowski nous a proposé de réaliser des compensations sur cette friche post-culturale.
Une étude est mandatée par la ville auprès de la société « Hydrosphère ». Celle-ci réalisée par Michel Pajard englobe les compensations rendues obligatoires par la destruction des milieux de l’ancienne gravière et propose des milieux complémentaires pour accueillir le plus de biodiversité possible. On y retrouve entre autres : un verger, une frayère, des prairies pâturées, un réseau de mares, un rucher, etc. Le projet est séduisant, créer un espace de biodiversité en partant d’une ancienne parcelle en culture intensive.
Au printemps 2015, débutent une première tranche de travaux financés par la municipalité et piloté par Hydrosphère. Ces travaux sont indépendants des compensations imposées par la destruction du site du futur port :
IASEF et la LPO participent au développement du site. Des actions pour favoriser le développement de la biodiversité y sont menées :
Une partie des compensations que doit réaliser Eiffage est située sur la Rosière. Le chantier commence en février 2018 et finit fin juin. L’étude et le suivi sont confiés à la société Biotope. Un étang et des noues pour les prairies humides sont creusés. S’en suit en juin des plantations de plantes aquatiques, d’arbustes et un cortège de graminées est semé. La sécheresse estivale de 2018, ne permet pas aux végétaux de reprendre et les graminées commencent seulement à pousser en septembre. Les arbustes sont remplacés en novembre 2018. 450 jeunes plants d’essences locales, déjà présentes sur le site, sont plantés en grande partie autour de l’étang. Des saules taillés pour devenir des « têtards » sont mis en place le long de la clôture séparant les prairies des ovins et les bovins, quelques grands arbres (chênes, pommiers sauvages…) sont plantés ça et là sur l’espace.
Le 15 décembre 2018, en partenariat avec la ville, IASEF organise une journée de plantation. 240 arbustes sont plantés pour densifier les haies existantes. Une haie attractive pour la faune doit faire deux à trois mètres de large.
Un site en devenir, il faudra 10 à 15 ans pour que la Rosière prenne son essor. Tout dépendra de sa gestion, de l’évolution du climat et du respect des utilisateurs déjà nombreux à fréquenter les chemins. Cette pression peut être un frein au développement de la faune et la flore. La divagation des chiens hors des chemins en est un exemple. L’espace est vite devenu un nouveau lieu de promenade. Marcheurs, joggeurs, cyclistes ou promeneurs empruntent les chemins sans réellement s’y attarder. Pourtant ce n’est pas qu’un nouveau décor végétal, la nature y reprend ses droits. Avec un peu d’attention et de patience, c’est l’occasion d’y observer une faune et une flore en pleine expansion.
Les nouveaux milieux créés sur cette friche post-culturale ont amené une diversification végétale et animale. Dans les mares, les grenouilles (agiles et rieuses) chassées par la couleuvre à collier côtoient les tritons (palmés, ponctués et crêtés) et une multitude d’insectes aquatiques dont une vingtaine d’espèces de libellules. Au moins trente d’espèces de papillons de jour (dont le machaon) sont présents sur la prairie. On peut même y observer la mante religieuse ou le criquet à ailes bleues. La flore n’est pas en reste, la zannichellie des marais (zannichellia palustris), le potamot nain (potamogeton pusillus) et le bident penché ou chanvre d'eau penché (bidens cernua) ont été recensés sur le site.
Plus faciles à observer que la douzaine de mammifères qui le fréquentent, les oiseaux ont pris possession de cet espace. Une soixantaine d’espèces y ont été observées. La diversité de milieux offre un lieu de gagnage (nourrissage) pour les oiseaux, d’une part en halte migratoire comme l’échasse blanche ou le petit gravelot, d’autre part nicheurs sur le site ou à proximité comme le héron cendré, la buse variable ou le martin pêcheur. Certains de passage le survolent comme le Butor étoilé. Une bonne vingtaine d’entre eux sont des nicheurs potentiels ou certains pour les espèces les plus communes. Ils peuvent être réguliers comme les mésanges bleues et charbonnières ou ponctuels comme la rousserolle verderolle. Cette fauvette niche dans les grandes touffes d’orties en particulier, milieu que l’on ne retrouve plus actuellement sur le site. Le faucon crécerelle y a niché en 2017, mais la présence des ruches au pied du nichoir a fait échouer sa nidification en 2018. Un autre nichoir a été posé plus à l’écart au printemps 2019…