Les mammifères

Le blaireau


Le blaireau…. Le débonnaire mal-aimé

De nos jours qui peut se vanter d’avoir déjà croisé ce grand mustélidé vivant ?

Biologie

Descriptif, habitat, alimentation, reproduction et lieu de vie. Un an de vie du blaireau

Avec sa tête claire et les deux bandes latérales noires qui lui couvrent les yeux, cet omnivore trapu pèse entre 10 et 15kg (jusqu’à 20kg avant l’hiver). Il nous rappelle le panda avec son allure tranquille.

Habitant des forêts et bois, son odorat est 700 fois plus développé que le nôtre. Il est omnivore avec à son menu : vers de terre, escargots, larves d’insectes, campagnols, nids de guêpes, fruits tombés au sol, racines, champignons, céréales, mammifères trouvés morts…. Il passe ses nuits à fourrager le sol. 

Les blaireaux vivent en groupes familiaux, en « clans » dans un réseau complexe de galeries qu’ils creusent à l’aide de leurs puissantes pattes munies de griffes. Les terriers sont constitués de chambres, de galeries d’aération, de sorties de secours et sont souvent aménagées de générations en générations. Les chambres confortables sont composées d’une litière de feuilles, de mousses, d’herbes, qu’ils renouvèlent plusieurs fois par an. Le coin des latrines est toujours situé à l’extérieur même pour les jeunes blaireautins : la propreté s’apprend très tôt. La toilette est également un moment incontournable : positionné sur le dos, ils se grattent le ventre et le flanc. Les plus jeunes apprennent beaucoup par le jeu. Ils jouent entre eux et imitent très tôt les adultes ramenant du foin, tentent de creuser avec maladresse.

Les blaireaux peuvent partager leurs galeries avec les lapins, les renards, le chat sauvage et même, c’est incroyable, les chauves-souris. La colocation avec le renard, lui a d’ailleurs valu de terribles gazages à la fin des années 60 au moment de la lutte contre la rage. Sachant que le blaireau n’avait aucune responsabilité dans la propagation du virus.

Grâce à son régime alimentaire et à son mode de vie, le blaireau participe à la dissémination des graines, évite la prolifération des petits mammifères, des larves de hannetons…. En fourrageant le sol il aère la terre… Que de bonnes « raisons » pour le laisser vivre en paix. Mais le simple respect du vivant et de la biodiversité devrait suffire pour protéger ce magnifique animal.

Les menaces

En France, cet animal nocturne discret est pourtant victime de nombreux préjugés, tous les prétextes sont bons pour l’éliminer en particulier avec des pratiques de chasse d’un autre temps. Ajouter à cela, la route et les activités humaines ne lui laissent guère que peu de chances.

Ne s’attaquant pas ou peu aux gibiers des chasseurs, le blaireau « français » fut longtemps oublié, épargné. …. Hélas une pratique barbare de piègage, pourtant en désuétude, est réapparue : des chiens sont envoyés dans les terriers, les blaireaux acculés sont alors pris au piège. Les piégeurs creusent avec des pioches, extirpent l’animal avec des pinces en métal, l’achèvent (dans des conditions douteuses) et donnent les « restes » aux chiens. Cette pratique a également cours pour le renard. Il est même parfois possible de pratiquer cette tuerie après le 15 mai, autorisant donc le massacre des jeunes, destruction pourtant interdite dans la loi. Plus de 20 000 blaireaux seraient ainsi massacrés par an.

En France, on accuse le blaireau d’être nuisible aux agriculteurs. Ils peuvent en effet occasionner des dégâts au mais, aux céréales, à la vigne, au verger. Malgré tout, les experts estiment ces dégâts « peu importants », une dizaine d’euros. Concernant les « dégâts » occasionnés au maïs, l’agrainage (une pratique utilisée par les chasseurs qui consiste à nourrir artificiellement les sangliers avec du maïs) peut aussi attirer quelques blaireaux affamés.

On l’accuse aussi de véhiculer la tuberculose bovine. Après avoir tenté de diminuer de 70% la population de blaireaux, les britanniques ont finalement fait machine arrière : les scientifiques anglais ont même démontré, qu’au contraire, la maladie se propageait encore plus vite. De plus, cette maladie se transmettant entre individus de même espèce, ils estiment que de meilleures pratiques d’élevage sont bien plus efficaces.

Comme de nombreux animaux, le blaireau paye un lourd tribut aux routes : estimé à plus de 2000 morts par an. De nos jours, il est aussi victime de la raréfaction de ses proies, des sécheresses qui hélas font de nombreuses victimes chez les tout jeunes blaireaux.

Statut en Europe

Dans de nombreux pays européens, c’est une espèce protégée, comme en Belgique, en Grande-Bretagne, en Irlande, aux Pays-Bas, au Danemark, au Portugal, en Espagne, en Italie …

En France, l’association « MELES » (du nom latin du blaireau d’Europe) basée dans l’Oise fait un travail formidable pour la sauvegarde et la connaissance du blaireau. Soins, nourrissage, réhabilitation, ce centre de sauvegarde protège aussi les hérissons, chevreuils, écureuils…. Elle fait également beaucoup d’information et de sensibilisation pour faire connaitre le blaireau et les petits carnivores français.

Les sources

https://one-voice.fr/fr/blog/chasse-des-blaireaux-lenfer-sous-terre.html

https://www.aspas-nature.org/wp-content/uploads/Vive.le_.blaireau-ASPAS.pdf

http://www.meles.fr/

https://www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/07/en-grande-bretagne-la-victoire-des-blaireaux_4396749_3244.html

La Hulotte n° 44 et n° 26